L'histoire nous enseigne que l'État du Sénégal s'est toujours engagé, d'une manière ou d'une autre, dans le processus de planification du développement tantôt en principal acteur tantôt en régulateur social.

Il a toujours eu besoin de se projeter dans l'avenir sur la base de ses forces et faiblesses afin de produire et de disposer d’un système de planification efficace qui fixe les règles de gestion de son économie en général tout en organisant au mieux la réponse à la demande des acteurs impliqués dans son développement.

La planification peut-être définie comme un exercice d'anticipation réaliste des perspectives de développement et comme un ensemble de procédures et de méthodes de mises en œuvre des moyens disponibles ou susceptibles de l'être, pour atteindre certains objectifs jugés prioritaires.

 

Au lendemain des indépendances, la gestion de l’économie nationale incombait quasi exclusivement à l’Etat au regard de l’immensité des insuffisances et des contraintes structurelles, mais aussi de sa fonction principale d’assurer et de promouvoir le développement économique et social. La planification fut adoptée et des plans furent lancés. La stratégie de développement relevée dans les plans successifs visait la réalisation à moyens et longs termes d' une économie nationale diversifiée à croissance forte et soutenue, d'une agriculture dynamique et d'un tissu industriel pouvant satisfaire les besoins internes, mais aussi la demande régionale, d'une amélioration des conditions de vie des populations et d'une répartition plus équitable du revenu national.

Pour les décideurs, comme pour les techniciens du plan, la réalisation de tels objectifs ne pouvait dépendre ni d’un libre jeu de forces internes du marché ni de décisions individuelles, car les bases du capital national étaient extrêmement restreintes. Donc durant toute la période allant de 1960 à 1980, l’État devait systématiquement intervenir en occupant les « hauteurs dominantes » de l’économie nationale. Plusieurs projets et programmes de développement ont été élaborés et exécutés par les pouvoirs publics.

L’Etat était alors le principal architecte de l’édification économique avec comme objectif d’élever substantiellement le niveau des forces productives, récupérer le surplus économique et le réinvestir afin d’élargir la base de production.

Les sept premiers plans ont été élaborés et mis en œuvre selon cette optique.

Au cours de la décennie 70, confrontée à la vulnérabilité accrue de l'économie et aux difficultés de la prévision économique dans un environnement plus aléatoire, dépendante du recours généralisée aux ressources extérieures pour financer l’investissement, sevrée de données statistiques suffisamment fiables et récentes, mais aussi prisonnière de procédures assez lourdes et formelles, la planification rigide s'est avérée de moins en moins bien armée pour mettre en œuvre une stratégie de réaction aux aléas et pour programmer les investissements jusqu' au terme du plan. L'une des faiblesses majeures du Plan était la laxité du lien entre le Plan et le Budget. Cette faiblesse découlait à la fois de la réduction des ressources budgétaires allouées à l'investissement public, des carences constatées dans l'évaluation et la sélection des projets lors de l'élaboration du Plan et de la difficulté de programmer les projets à un horizon de cinq ans (une année de préparation plus de 4 ans du Plan).

Il devenait alors urgent de repenser le système de planification afin de mieux l'adapter au contexte mouvant de l'environnement économique et financier mondial. Les bases de cette réflexion furent jetées par le Conseil Supérieur du Plan réuni le 29 juin 1987. Il s'est agi de se fonder sur les enseignements du diagnostic porté par l'évaluation du système, alors en vigueur, pour combler les lacunes constatées, conforter les acquis et surmonter les problèmes posés par la duplication des procédures et des documents de la planification.